Les Français-es du futur. Attention, ils débarquent. Ces moins de 25 ans qu’on appelle génération Z réinventent tout. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Dossier spécial.  

Ce n’est pas leur faute, s’ils s’appellent Z. Ils ne doivent ce diminutif qu’au hasard qui a nommé X la génération de leurs aînés de vingt ans. Et pourtant , ce Z, Ils le portent bien. Un Z de fin de l’histoire, un Z qui précède le grand basculement. En 1991, dans la « Génération X », Douglas Coupland dépeignait une jeunesse née dans les années 60 et 70, émotive et paumée, extraite malgré elle du vertueux triptyque mariage-travail-argent des Trente Glorieuses. Lui succéda la génération Y, génération « pourquoi » (en anglais, Y se prononce comme « why ») qui, fraichement munie de l’outil Web et mieux rodée à la crise, questionnait le système dans une rebelle attitude parfois stérile. Faites place, donc, aux Z, qu’on pourrait rebaptiser la génération «pourquoi pas »

Nès Après 1990, ils n’ont jamais connu de monde sans réseau. « Internet, pour nous, c’est tout », insiste l’une des jeunes pousses de notre classement. Plus qu’un outil, c’est leur univers, le lieu de leurs échanges et de leurs expérimentations. « Leur manière d’être, à la fois connectée, horizontale et créative, innerve tout dans notre société », dit le philosophe Michel Serres, qui les a décryptés dans « Petite Poucette » (éd. Le Pommier). « Ils sont en train de changer la manière de travailler, de voyager, d’apprendre, de consommer. Les comprendre est crucial : notre monde est en train de glisser vers le leurs » 

C’est la crème de cette jeunesse que nous vous présentons ici. Nous sommes allés dénicher ses représentants dans le business, la politique, l’art, l’humour et la littérature. Nous les avons auscultés et questionnés pour comprendre leurs aspirations, leurs rêves et leur fonctionnement. Verdict : ils ont en commun une conscience aiguë de la tâche à accomplir et se voient tous, dans dix ans, en rois du monde. Surtout, ils font tout seuls, de A à Z. Sans aide. Ils ont pour la plupart à peine 20 ans, et vous serez tentés de les qualifier de « prodiges » ou de « petits génies ». Pourtant, pour eux, « l’âge n’est plus vraiment un problème » comme l’assure l’un d’entre eux. Comment ont-ils réglé cette question, qui pourrit la vie des X - lesquels pestent depuis trois décennies contre ces satanés baby-boomers accrochés au pouvoir - et celle des Y, qui piétinent de rage dans l’entre-deux ? C’est simple : à eux, on leur dit depuis toujours qu’il n’y a plus de travail, qu’il n’y a plus de saisons. Alors forcément, ils ont bidouillé, cherché, fouiné, copié et collé. Ils ont regardé les Mark Zuckerberg (P-DG de Facebook), les Norman (celui qui fait des vidéos) et les Tavi Gevinson (blogueuse prodige). Ils ont envoyé bouler les hiérarchies et les prérequis. Et se sont juste dit : moi aussi. Après, ils ont foncé. Leur Z, c’est aussi celui de bulldozer. 

En cherchant l’image geek, on pourrait les comparer à une mise à jour ultra-perfectionnée qu’on essaierait d’installer sur un vieux PC équipé de Windows 98. Ce vieux PC, c’est un système économique, juridique et éducatif qui, de toute évidence, ne leur convient pas. Non qu’ils en ignorent les codes et les clés : ils les ont tous, là, à portée de Google (« Nous sommes en auto-apprentissage permanent », assurent-ils). Mais quand les Y rêvaient de court-circuiter de l’intérieur ce système désuet, eux se disent : on vous le laisse, votre vieux monde, on va en faire un autre, à côté, un vachement mieux. C’est qu’ils ne doutent de rien. C’est une génération panache. Une génération Zorro. Ce n’est pas leur faute s’ils s’appellent Z, mais ils le portent biens. Ils sont le bout du bout de l’idée. Après eux, c’est un nouvel alphabet qui va commencer. 

Parce qu’ils font tout tout seuls, nous avons demandé à chacun d’entre eux de se présenter avec un selfie. 

Elle Magazine :

Anne Mouchet et Jérémie Navarro, 23 ans. Fondateurs de The Charging Place, société de bornes de recharge pour mobiles. « Les gens nous disent parfois qu’à notre âge ils étaient plus préoccupés par leurs prochaines vacances que par l’idée de monter une boîte… Pour nous, c’est juste normal. »